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Un sommeil d’or pour un cerveau au top : un principe clé chez les tout-petits

Dernière mise à jour : 10 oct.

Découvrez comment les longues nuits de sommeil boostent les capacités cognitives des tout-petits

Synthèse de l’article : Nieto M., Motos B., Navarro B., Jimeno MV., Fernández-Aguilar L., Ros L., Ricarte JJ., Latorre JM. (2022). Relation between nighttime sleep duration and executive functioning in a nonclinical sample of preschool children. Scandinavian Journal of Psychology, 63(3):191-198. doi: 10.1111/sjop.12801.
 
Synthèse rédigée par Florine MAILLEY et Maëlle TOUTEE, Master 1 de Psychologie du développement, Université Paris 8.

Plongeons dans le monde fascinant du sommeil des tout-petits et de son impact sur leurs capacités intellectuelles. Imaginez : si la clé du développement cognitif de votre enfant résidait dans la durée de ses nuits paisibles ?

Une récente recherche étudie le lien entre sommeil et fonctions exécutives. Ces fonctions cognitives nous permettent de réaliser des comportements complexes dirigés vers un but, de les contrôler en prenant en considérations les contraintes de l’environnement, afin de s’adapter à la vie quotidienne (Nieto et al., 2022).

Dans cette étude, les trois fonctions exécutives étudiées sont l’inhibition, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive. De quoi s’agit-il ? L’inhibition consiste à supprimer les réponses automatiques et à résister aux habitudes, aux distractions ou interférences afin de se concentrer sur la réalisation d’une tâche. La flexibilité cognitive permet de s’adapter et de passer aisément d’une tâche à une autre, d’un comportement à un autre. Enfin, la mémoire de travail concerne le maintien actif à court terme des informations nécessaires pour réaliser une tâche.

Ces fonctions sont essentielles à notre santé, qu’elle soit physique ou mentale, mais également à la réussite académique, à une bonne qualité de vie et à un bon développement cognitif, social et psychologique (Diamond, 2013). La période de 3 à 6 ans étant la plus critique dans le développement des fonctions exécutives (Nieto et al, 2018), il semble important de comprendre comment en prendre soin. 

Le sommeil : un pilier du développement cognitif dès la petite enfance

La question du sommeil des jeunes enfants est au cœur des préoccupations parentales. Alors que le lien entre le sommeil et le fonctionnement exécutif ainsi que d'autres processus cognitifs a été établi pour les enfants de plus de 6 ans (Astill et al., 2012), plusieurs études indiquent également une corrélation entre le sommeil nocturne à l'âge d'un an et les fonctions exécutives à 18 mois, 2 ans et 4 ans (Bernier et al., 2013). De plus, Sadeh et al. (2015) ont mis en évidence le lien entre la qualité du sommeil et le fonctionnement exécutif chez les enfants âgés de 3 à 4 ans.

Découverte scientifique : Comment le sommeil des 3 à 6 ans impacte les fonctions exécutives ?

Une équipe de chercheurs dirigée par Nieto s'est penchée sur la relation entre la quantité de sommeil nocturne et le fonctionnement du cerveau chez les enfants. Ils ont examiné l'inhibition, la flexibilité cognitive, et la mémoire de travail chez 158 enfants âgés de 3 à 6 ans (âge moyen : 4 ans et demi) en Espagne. Ils font l’hypothèse que des nuits de sommeil plus longues chez les enfants pourraient être liées à de meilleures capacités d’inhibition, de flexibilité mentale, et de mémoire de travail, mais également que l’âge et les compétences verbales pourraient influencer les performances cognitives. 

La méthode derrière l'étude : Comment ont-ils procédé ?

Les parents ont été interrogés, grâce à un questionnaire, sur la routine de sommeil de leurs enfants pendant les périodes scolaires notamment sur la durée du sommeil

Quant aux enfants, ils ont été soumis à trois types de tâches. La première, appelée « Shape School », a été développée et validée pour évaluer l'inhibition et la flexibilité cognitive chez les jeunes enfants (Espy, 1997 ; Espy et al., 2006). Une école avec des élèves représentés par des formes de couleurs était présentée aux enfants participants. Ils devaient dans un premier temps nommer la couleur des élèves. Pour évaluer l'inhibition, des visages heureux ou tristes étaient associés aux élèves, et les enfants devaient uniquement nommer la couleur des élèves heureux tout en restant silencieux pour les élèves tristes. Pour mesurer la flexibilité cognitive, certains élèves portaient un chapeau et les enfants devaient dire le nom de la forme ou de la couleur en fonction de la présence ou non du chapeau. Dans la dernière tâche, pour évaluer simultanément la flexibilité et l'inhibition, certains élèves avaient des visages heureux ou tristes, et portaient ou non un chapeau. Les enfants devaient nommer les élèves heureux par leur forme s'ils portaient un chapeau et par leur couleur s'ils n'en portaient pas, et rester silencieux pour les élèves au visage triste.

La deuxième tâche, visant à évaluer la mémoire de travail, impliquait la répétition de mots familiers, adaptés à l'âge des enfants, dans l'ordre et dans le sens inverse. Le niveau de vocabulaire des enfants a également été évalué à travers une troisième activité, où les enfants étaient invités à définir des mots associés à des objets et à des concepts (WPPSI-III, Weschler, 2009). Puis, les chercheurs ont étudié le lien entre les performances exécutives et la durée du sommeil de l’enfant.

Les bénéfices d'un bon sommeil chez les enfants : les clés d'une performance cognitive améliorée

Les résultats sont concluants! Les enfants qui dorment dix heures ou plus par nuit, conformément aux recommandations, montrent de meilleures performances en matière d'inhibition par rapport à ceux qui dorment huit à neuf heures. Leur capacité à résister aux habitudes ou aux réponses automatiques est renforcée, un avantage significatif dans la vie quotidienne et les apprentissages.

Mais ce n'est pas tout. La mémoire de travail, cruciale pour l'apprentissage et la résolution de problèmes, est également plus performante chez les jeunes enfants qui bénéficient de nuits de sommeil prolongées.

Quant à la flexibilité cognitive, elle semble être moins affectée par la durée du sommeil. L'âge de l'enfant et ses compétences verbales semblent jouer un rôle plus complexe dans ce domaine.

Un sommeil de 10 heures pour les 3 à 6 ans : Compétences cognitives boostées !

Ces résultats soulignent le besoin d'un sommeil adéquat chez les enfants pour favoriser leur développement cognitif et leur réussite dans différents aspects de la vie quotidienne et des apprentissages. Ils mettent en évidence l’importance pour les parents de suivre les recommandations et d'établir des routines quotidiennes visant à garantir que leurs enfants bénéficient au minimum de dix heures de sommeil par nuit. En offrant à nos tout-petits une bonne nuit de sommeil, nous leur donnons toutes les chances de réussir dans leurs apprentissages et de favoriser leur développement cognitif.

Cependant, naviguer à travers les défis du sommeil des enfants peut être un parcours semé d'embûches pour les parents. Heureusement, le réseau Morphée (www.sommeil0-18.fr) offre des conseils pratiques pour créer un environnement de sommeil idéal. De la disposition de la chambre aux rituels du coucher, ces recommandations sont conçues pour favoriser un repos optimal. Les rituels du coucher jouent un rôle crucial pour apaiser l'enfant avant le sommeil. Attention cependant à l'usage excessif des écrans, dont l'impact néfaste sur le sommeil est bien documenté. En cas de difficultés, des thérapies comportementales et des programmes d’apprentissage du sommeil, tels que le programme Mémé Tonpyj (www.memetonpyj.fr), peuvent être envisagés pour favoriser l'endormissement autonome chez les enfants.

Références

Astill, R.G., Van der Heijden, K.B., Van IJzendoorn, M.H. & Van Someren, E.J.W. (2012). Sleep,

cognition, and behavioral problems in school-age children: A century of research meta-

analyzed. Psychological Bulletin, 138, 1109–1138. https://doi.org/10.1037/a0028204 

Bernier, A., Beauchamp, M.H., Bouvette-Turcot, A.-A., Carlson, S.M. & Carrier, J. (2013). Sleep

and cognition in preschool years: Specific links to executive functioning. Child Development,

Diamond, A. (2013). Executive functions. Annual Review of Psychology, 64, 135–168

Espy, K.A. (1997). The shape school: Assessing executive function in preschool children.

Developmental Neuropsychology, 13, 495–499. https://doi.org/10.1080/87565649709540690 

Espy, K.A., Bull, R., Martin, J. & Stroup, W. (2006). Measuring the development of executive control

with the shape school. Psychological Assessment, 18, 373–381. https://doi.org/10.1037/1040-3590.18.4.373 

Nieto, M., Ros, L., Ricarte, J.J. & Latorre, J.M. (2018). The role of executive functions in accessing

specific autobiographical memories in 3- to 6- year-olds. Early Childhood Research

Sadeh, A., Marcas, G.D., Guri, Y., Berger, A., Tikotzky, L. & Bar-Haim, Y. (2015). Infant sleep

predicts attention regulation and behavior problems at 3–4 years of age. Developmental

Neuropsychology, 40, 122–137. https://doi.org/10.1080/87565641.2014.973498 

Wechsler, D. (2009). Wechsler Memory Scale (4th edn). San Antonio: Pearson.


ILLUSTRATION : Freepik

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